Fan Fiction

Chapitre n°1 : La proie


A cinquante mètres de là, en contre bas, une porte s’ouvrit. Malgré la nuit déjà bien avancée, ses yeux perçurent parfaitement le mouvement que fit la minuscule poignée, ouvrant le chemin à une silhouette gracile et féminine. Elle portait un jean délavé, qui se terminait sur des talons hauts, noirs. Le haut de sa tenue était quand à lui constitué d’une chemise rouge, sans manches, sur laquelle trônait un petit badge portant son nom. De là où il était, il aurait parfaitement pu lire le petit écriteau, mais s’abstient, préférant garder ses distances. Ainsi, elle resterait une inconnue.

L’inconnue se retourna, clé en main, et s’empressa de verrouiller la porte du bar, avant d’avancer vers son pick-up, garé quelques dizaines de mètres plus loin. Elle avait une démarche souple mais appuyée, une démarche gracieuse, qui lui donnait un petit quelque chose d’attirant, de sensuel, qui éveilla son intérêt.

Finalement, il décida de l’observer plus attentivement. Ses cheveux noirs de jais, qui avaient attiré son attention un peu plus tôt, encadrés un visage mâtiné, qui mettait en valeur deux yeux d’un bleu froid, profonds. Ils n’exprimaient nulle frayeur, bien qu’il puisse déceler, au rythme de ses battements de paupières, qu’elle était un peu tendue, fatiguée. Ses lèvres, fines et pleines, étaient couvertes d’une couche légère de rouge à lèvres. Il n’y avait pas de doute, elle était très séduisante. Du moins, elle devait être considérée comme séduisante par ses pairs.

S’autorisant une folie, il inspira rapidement une bouffée d’air frais. La nuit embaumait une senteur particulière, une odeur fraiche, une odeur de pin et de forêt. Le béton de la route en contrebas, dégageait une odeur forte, à laquelle se mêler des relents d’alcools en provenance du bar. Mais toutes ces senteurs étaient inintéressantes comparées à la fragrance qui provenait de la jeune femme.

Une odeur douce et enivrante de miel, mêlée à quelque chose de plus doux, de plus… sucré. Après quelques millièmes de secondes, il l’identifia : de la cannelle.
Cette femme était appétissante, mais il exsudait d’elle une telle sensualité, qu’il se félicita intérieurement d’avoir choisi un poste d’observation éloigné.
S’il avait été plus près d’elle, il n’aurait pu résister. Il aimait toujours jouer un peu avec ses proies avant de s’en occuper.

Alors que la jeune femme arrivait devant sa voiture, un cri déchira le lointain. Tournant la tête vers la source du bruit, il vit, à quelques centaines de mètres de là, un corbeau prendre son envol. Ses yeux revinrent aussitôt vers sa cible, ne voulant rien manquer de la réaction de la jeune femme.
Surprise, elle avait tressailli, et elle jeta un regard autour d’elle, balayant la route déserte et la falaise qui surplombaient son lieu de travail, plongé dans l’obscurité.

Depuis sa cachette, il percevait clairement le pouls calme et tempéré de la jeune femme, tandis que celui-ci accélérait progressivement, trahissant son anxiété. Lentement elle se calma, et après quelques instants à scruter l’obscurité, elle fourra une main dans son sac à la recherche d’un autre trousseau, probablement ses clés de voiture.

En dépit du calme apparent de la jeune fille, il percevait clairement une tension dans l’air. Une femme, seule, au milieu de la nuit, dans un lieu désert, il y avait de quoi s’inquiéter. Malgré cette situation, qui aurait effrayé n’importe qui d’autre, elle semblait décider à garder le contrôle d’elle-même. Intéressant.

Un sourire narquois étira ses lèvres, alors qu’il s’avançait vers le rebord de la falaise. Le moment tant attendu arrivait enfin. Il allait pouvoir s’amuser un peu. D’un pas leste, il parcourut les quelques mètres qui l’éloignaient du bord, et s’élança dans le vide.

La chute fut très courte, et il atterrit doucement sur le sol, cinquante mètres plus bas, ses jambes amortissant le choc. A la vitesse de l’éclair, il fila vers le bar et se cacha dans l’ombre du bâtiment, là ou sa proie ne pourrait le voir. Tout cela ne lui avait pas pris plus de quelques secondes, et la jeune femme venait à peine de retrouver ses clés. Il avisa derrière elle un petit morceau de bois sec qui ferait parfaitement l’affaire. Avant qu’elle n’ait pu esquiver le moindre geste, il se glissa derrière elle, et s’appuya délibérément sur le petit morceau de bois, qui émit un craquement sinistre.

Surprise par la proximité du bruit, elle se retourna vivement. Mais il avait déjà disparu. Peu rassurée, elle contempla l’espace désert qui la séparait du bar et qui s’étendait autour d’elle, à la recherche d’un signe, mais tout ce qu’elle percevait c’était le bruit lugubre du vent qui soufflait.
Anxieuse, son rythme cardiaque recommença à battre rapidement, elle se tourna pour ouvrir la porte de son pick-up.

Dans sa précipitation, elle fit tomber ses clés. Elle jura et se pencha pour les ramasser. 
En un instant il fut à nouveau derrière elle, debout. Il prit soin de ne pas respirer, à la fois pour ne pas révéler sa présence, à la fois pour ne pas précipiter les choses, ce qui se passerait inévitablement si il sentait son odeur d’aussi prêt. D’ailleurs, il était si prêt qu’il la touchait presque.

Soudain elle se raidit. Il comprit instantanément pourquoi : en se plaçant si prêt, avec la lumière du bar derrière lui, son ombre était projetée tout droit devant la jeune femme. Elle se retourna, mais encore une fois elle ne put que constater le vide qui l’entourait.

Bien à l’abri, à l’ombre du bar, il l’observait tandis qu’elle scrutait l’espace autour d’elle, la peur agrandissant cette fois ses grands yeux froids.
Un sourire étira ses lèvres : elle commençait sérieusement à flipper, et son cœur battait la chamade, pompant à travers son corps chaud l’élixir dont il allait se repaitre. Au niveau de son cou, il pouvait voir le sang qui battait dans ses artères. Il ne restait plus que quelques secondes maintenant, et il savait précisément ce qui allait se passer.

Paniquée, elle se précipita pour ouvrir la porte du pick-up. Il projeta ses pensées vers elle : c’était ce qu’il voulait, qu’elle sente son regard et sa présence glissaient sur elle quelques secondes avant que la mort ne vienne la prendre.

Alors il s’élança. Dans un mouvement qui alliait grâce et précision, il se glissa derrière elle, lui saisit les épaules, l’emprisonnant dans son étreinte de fer, et planta ses crocs au creux de son cou. Le corps de la jeune femme se tendît d’un coup, sous l’effet de la douleur, tandis que le nectar salvateur jaillissait dans de sa gorge et venait étancher sa soif.

Elle avait un goût merveilleux, un arôme à la fois doux et sucré comme son parfum, et il s’abreuva longuement à cette source qui apaisait lentement la douleur de sa gorge parcheminée.

Il s’arrêta avant que les dernières gouttes de sang ne s’échappent de son corps. La retournant précautionneusement, il scruta quelques instants son visage. Il aimait voir une dernière fois le visage de ses victimes avant de les achever. Une part de lui, sentimentaliste, souhaitait graver chaque détail de son visage, se rappelant du sacrifice involontaire qu’elle faisait pour lui, et qui l’aiderait à rester fort et jeune pour quelques temps encore.

Ce qu’il y vit le choqua. Bien qu’elle soit inconsciente, au bord de la mort, Elle avait les yeux ouverts. Ils brillaient d’un éclat particulier, et il se perdit momentanément dans la contemplation de ses deux fenêtres qui ouvraient la voie à son âme.
Alors, quelque chose se passa. Il sentit quelque chose le traverser, en un éclair, et un frisson lui parcourut l’échine, disparaissant presque aussitôt.

Un frisson. Dans sa peau d’immortel. Sa peau dure et froide, que même le fer ne pouvait qu'égratigner. Sous le choc, il la contempla longuement, cherchant des yeux l’éclat qu’il avait aperçu auparavant. Rien.

Depuis le début de sa nouvelle vie, il n’avait jamais rien ressenti de comparable. Ni le froid, ni la chaleur n’avaient plus de prise sur lui, et jamais, au grand jamais il n’avait ressenti de frisson.

Il était intrigué. Comment le regard d’une mortelle à moitié morte pouvait-il éveiller quelque chose en lui ?
Lui, qui avait renoncé des années auparavant à tout sentiment, tout regret, tout ce qui pouvait encore le rattacher au monde des humains, pour devenir un prédateur sans âme, une ombre dans la nuit.
Il fallait qu’il sache. Il le fallait. Alors, il saurait comment éviter que cela se reproduise.

Baissant les yeux, il lut brièvement le petit écriteau accroché à la poitrine :
Amber. Un joli prénom. Un prénom humain.

« Et bien Amber... » dit il en relevant sa manche, découvrant son propre poignet
« ... C’est ton jour de chance » et il planta ses crocs dans sa chair immortelle, afin d’abreuver de son sang la jeune femme à moitié morte nichée au creux de ses bras.


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Chapitre n°2 : Au crépuscule.


Les dernières lueurs du crépuscule disparaissaient lorsqu’elle reprit enfin conscience. Avant même d’ouvrir les yeux, elle sut que quelque chose n’allait pas. Sous elle, le sol était dur, rugueux, loin de ce à quoi aurait dut ressembler son matelas. Elle se sentait faible, très faible, et en essayant de remuer les doigts, elle se rendit compte qu’elle était à peine capable de mouvoir son corps meurtri. Car son corps était meurtri.

Une douleur terrible déchirée chaque petite parcelle de ce dernier, en particulier au niveau de son cou. Elle sentait dans son dos et sur sa poitrine le contact d’un liquide froid et poisseux. En plus de ça, elle avait l’impression la désagréable impression d’être passé sous un rouleau compresseur.

Mais plus que cette douleur, c’était l’état de sa tête qui l’inquiétez. Elle n’arrivait plus à se souvenir comment elle s’était retrouvée la, allongée, ni de ce qu’elle avait fait les dernières heures. D’ailleurs, elle ne se souvenait pas de grand-chose.

Au pris de nombreux efforts, elle ouvrit lentement les paupières. Tout d’abord, elle crut que l’endroit ou elle se trouvée était plongé dans le noir. Cependant, au fur et à mesure que ses yeux s’adaptaient à la pénombre, elle perçut une faible lumière qui émanait d’un petit feu, à quelques mètres de là. Elle s’apprêtait à se redresser lorsqu’une voie retentit :

- Je ne ferais pas ça si j’étais toi,

C’était une voie comme elle n’en avait jamais entendue : une sorte de murmure, grave, doux et ferme à la fois. Plus que des phrases, on aurait dit un champ, une sorte de mélopée échappé de la bouche de quelques créatures célestes. Les mots glissèrent sur elle à l’instar d’une caresse, vibrant et se répandant à travers son corps. Elle ne put réprimer un frisson : C’était comme si ange lui avait parlé.

Cherchant la source de ses paroles, elle se redressa et plissa les yeux. Après quelques secondes, elle finit par distinguer une silhouette, accroupit prêt du feu. L’inconnu se redressa lentement et se tourna vers elle. La lumière du feu balaya son visage, et elle sut alors qu’elle était au paradis :

L’homme qui se tenait devant elle était probablement le plus bel être humain (mais était il humain ?) qu’elle n’ait jamais vu. Il était de taille moyenne (probablement un peu plus grand qu’elle), avec un corps charpenté et des bras long et musclé. Étrangement, même s’il ne bougeait pas, il semblait émaner de son corps une fluidité et une grâce sans égale.

Son visage, qui avait la pâleur de l’albâtre, même sous la lumière des flammes, arboré des traits durs et fins, parfaitement dessiné, comme si un artiste extrêmement talentueux les avait peints. Sa peau était lisse comme du marbre, sans la moindre imperfection, tout comme ses lèvres, pleines et charnues, qui luisait d’un rouge vif.

Son teint, couleur de neige, contrasté fortement avec ses cheveux sombres, d’un noir de jais, qui retombaient devant son visage en mèches éparses. Le coté gauche de son visage n’était pas éclairé. Pourtant, il lui sembla percevoir un faible éclat, comme si sa peau était iridescente, lui donnant un air surnaturel.

Lorsqu’elle le regarda dans les yeux, elle retint un cri : il était vert, mais d’un vert comme jamais elle n’en avait vu auparavant. Un vert émeraude, pur, brillant. Une couleur que jamais elle n’aurait jamais crut possible de voir un jour aucun dans l’œil d’un être humain. Mais plus que tout, c’était la dureté de son regard, inquisiteur, qui la marqua. Elle eut l’impression d’être passé au rayon X. Comme si la moindre parcelle de son être se trouver révélé, à nue.

Gênée, elle détourna brièvement le regard. Lorsqu’elle leva de nouveaux les yeux vers lui, la lueur dans ses yeux avait disparu. Avec surprise, elle constata qu’il n’était pas verts mais bleu, un bleu triste et froid. De même, sa peau blanche, qui lui semblait briller auparavant d’un éclat particulier, s’était rembrunie, comme s’il s’était soudain réchauffer.

Elle se rendit compte soudain que plusieurs secondes s’était écoulé pendant lesquelles elle l’avait fixé de manière très impolie et impudique, et détourna à nouveau le regard, balayant l’obscurité qui l’entourait.
Du coin de l’œil, elle vit brièvement, ses lèvres parfaite s’étirer en un rictus.
Brisant le silence inconfortable qui s’était installé, il dit :

- Tu es têtu n’est ce pas ? Tu ferais mieux de m’écouter…

Elle le regarda d’un air perplexe, et il se rendit compte à son expression étonné qu’elle ne comprenait pas ce dont il parlait. Elle devait être encore dans les vapes.
Il plongea son regard dans le sien, et il lui prit soudain une envie de se rallonger contre la pierre froide, ce qu’elle fit sans discuter.

- Voila, c’est mieux, murmura t-il, une trace d’ironie dans la voie.

Et il s’accroupit auprès du feu, qu’il recommença à attisé nonchalamment.

- Qui es-tu ? Ou-u suis-je ? balbutia t-elle

Il se tourna vers elle, et la regarda droit dans les yeux, l’air impassible. Encore une fois, elle ressentit l’envie irrésistible de s’allonger, comme si rien d’autre n’avait plus d’importance.

- En sécurité, répondit-il

- En sureté ? Mais pourquoi… de quoi ? insista t-elle en se redressant un peu.

Une lueur passa dans les yeux de l’inconnu, et sa bouche s’étira en un rictus. Il fixer un point situé en dessous de son visage. Baissant les yeux, ses vêtements était quelque peu déchirés, laissant entrevoir sa poitrine rougit de sang. Mal à l’aise, elle tira rapidement les deux pan de son vêtement, couvrant sa poitrine.

- Tu as été attaquée repris t-il.

- Attaquée ?! s’exclama t-elle. Mais, par quoi ?

Il leva les sourcils en guise de réponse.



- Je ne sais pas, je t’ai trouvé sur le sol, près d’un bar. Des traces de voiture partaient vers la route. Probablement tes agresseurs. Je roulais et j’ai vu une forme allongé sur le sol, alors je me suis arrêté. Tu étais glacé, alors j’ai décidé d’allumer un feu.

- Et bien…. Merci, dit-elle timidement.

- De rien, dit-il

Un nouveau rictus étira ses lèvres, et il se détourna, comme s’il il riait silencieusement à une plaisanterie que lui seul pouvait comprendre. Le silence s’installa entre eux. Un silence inconfortable, gêné, qui la mettait mal à l’aise. Jetant un regard autour d’elle, elle se rendit compte que malgré le peu de lumière qu’il y avait, elle pouvait raisonnablement juger de l’endroit ou elle était.

La caverne (ou la grotte, peu importe) devait faire une petit dizaine de mètres de larges, sur plusieurs de long. Elle était entièrement vide, et il n’y avait aucune source de lumière, à part le feu qui étendait ses ombres sur les parois. Après quelques instants, elle finit par briser le silence.

- Ou sommes nous ? demanda t-elle à nouveau

- En sureté, répondit-il aussitôt.

- Tu la déjà dis ça, reprit-elle tendu.

Il ne répondit pas. Il avait beau être... (Elle se refusa d’y penser) elle commençait à être agacé. Elle avait besoin de réponse. Elle s’apprêtait à ouvrir la bouche pour protester, mais il se tourna soudain vers elle, et la cloua sur place dans l’étau de son regard. Elle oublia aussitôt ce qu’elle avait à dire.

- Je ne pouvais pas te laisser là, toute seule dans la nuit. Tu perdais beaucoup de sang au niveau de ton cou, dit-il en appuyant sa phrase d’un petit mouvement de tête.

- Je ne sais pas ce qu’il ou ils t’ont fait, reprit-il, mais tu as beaucoup saigné. Je comptais t’emmener à l’hôpital mais la prochaine ville est à plus de 60 bornes, et je n’étais pas sur que tu tiennes jusque la. Alors je me suis arrêté et j’ai fais ce que j’ai put. Je t’ai mis à l’abri au cas où ils auraient décidé de venir nettoyer leur trace.

- J’ai dormis combien de temps ?

- Plusieurs heures.

- Et ma voiture, tu l’as retrouvé ?

- Ta voiture ? demanda t-il, l’air perplexe.

C’était la première fois qu’il affichait une expression sur son visage. Curieux spectacle que celui de ses trait lisses et fins lorsqu’ils exprimés sa surprise. Malgré son air étonné, ses yeux resté impassible. Il y avait tant de contradiction en lui. En dépits de ses bonnes manières et sa douceur, elle se méfiait un peu de lui. Son visage, impassible la plupart du temps, et les regards qu’il lui jetait parfois l’inquiéter un peu. Après tout elle ne le connaissait pas. Mais bon, il s’était occupé d’elle. Et puis, il fallait admettre qu’il était craquant.

- Oui ma voiture. Un pick-up gris. Tu ne l’as pas vu ? Et mon sac ? Il y avait mes papiers et mon portable dedans…

- Non, désolé. Ceux qui t’ont attaqué ont du partir avec. Idem pour ton sac. Comment t’appelles-tu au fait ?

Ce n’était pas tout à fait vrai, se dit-il en pensant au pick-up qui reposer au fond de l’eau, avec ses papiers. Elle avait peu d’espoir de revoir son pick-up ou ses affaires. A moi d’être spécialiste en plongée sous-marine.

- Je m’appelle Amber.

- Enchanté de te connaître Amber.

- Et toi ? Quel est ton nom ?

Encore une fois, ses yeux croisèrent les siens et balayèrent toute ses réflexions.

- Tu devrais te reposer, reprit-il. J’ai fait ce que j’ai pus pour ta blessure, mais tu as besoin de soin plus sérieux.

Elle passa une main dans son cou et sentit sous ses doigts un petit carré duveteux. Un pansement.

- Je t’ai fais quelques points de suture, mais ca ne suffira pas. Ne touche pas ! La réprimanda t-il, voyant son geste. Je ne veux pas que ca s’infecte. Demain, je prendrais ma voiture et…

Une lueur étrange passa dans ses yeux lorsque ceux s’attardèrent dans son cou, et sur le sang qui souillait sa chemise. Son regard glissa sur elle, et elle se sentit gêné.

- … je me rendrais à la première station service et j’appellerais des secours. Mon portable ne capte pas ici.

- Pourquoi demain ? Pourquoi pas ce soir ?

- Tu n’es pas en état de voyager. Tu dois te reposer. Alors qu’il disait ses mots, elle se sentit chanceler. Et puis, reprit-il, il est 3h du matin, alors techniquement on est déjà demain… Ne t’inquiète pas, à la première heure, j’irai chercher des secours.
J’ai besoin de - il buta sur les mots - Je veux dire, tu as besoin de sang. De transfusions. Je t’ai donné un peu d’eau, mais je n’avais pas grand-chose à manger. Tu as besoin de récupérer.

Sur ce, il se retourna à nouveau vers le feu. Il le fixait de ses yeux glacés, les ombres dansantes dessinant des motifs complexes sur son visage. Il paraissait concentré. Pourtant, malgré son calme, Amber n’était pas rassuré. Elle sentait dans l’air comme une tension.

A priori, il n’aimait pas beaucoup parler. En y réfléchissant, il ne lui avait dit que le strict minimum. Bizarre pour quelqu’un qui, au vue de son comportement, était plutôt altruiste.
Elle le fixa longuement, essayant de percer les mystères de sa personne, avant de se résigner.
Après tout, il lui avait sauvé la vie. Il devait forcément être quelqu’un de bien.

Prise d’un soudain accès de fatigue, elle se détourna et commença à s’allonger sur le sol. A peine avait-elle tourné la tête, qu’elle sentit quelque chose la frôler. Soudain, une douleur horrible déchira son cou, et les ténèbres l’engloutirent.